La malédiction des Labdacides

Gustave Moreau - Oedipe et le Sphinx, 1864 Metropolitan Museum of Art - New York

Aux origines de Thèbes

Zeus prend l'apparence d'un superbe taureau et enlève Europe la fille d'Agénor. Celui-ci demande à ses fils de retrouver leur soeur. Après avoir parcouru sans succès l'univers, Cadmos, l'un des fils, entend un oracle qui lui conseille de cesser ses recherches et de suivre une génisse. Il fondera une ville là où la génisse se couchera : ce sera la ville de Thèbes ( qui signifie "le pays de la génisse").

Labdacos, un petit-fils de Cadmos, donne son nom à la famille des Labdacides. Labdacos signifie «le boiteux» et son règne est "boiteux", instable, marqué par la violence et le désordre. En mourant, Labdacos laisse un fils âgé d’un an, Laïos, qui signifie "le gauche", qualificatif de sombre présage pour les grecs.

Une malédiction familiale

Pendant la période de régence assurée par l'oncle de Laïos ( le roi étant trop jeune pour régner ), une période de trouble s'intalle et Laïos doit fuir chez le roi Pélops. Plus tard, désirant à Thèbes pour y régner, il enlève le fils de son hôte, Chrysippos, dont il est devenu amoureux. Cet enlèvement provoque la colère d’Héra qui maudit la famille. Ce sont donc les parents et toute leur descendance qui sont maudits. Une autre version du mythe affirme que c'est Pélops, furieux que Laîos ait enlevé son fils, qui lance contre ce dernier la malédiction qui condamne la lignée des Labdacides à l'anéantissement.

La force de la fatalité

Laïos, devenu adulte, épouse Jocaste. L’oracle les met en garde contre le fait d’avoir une descendance car elle causerait la perte de Thèbes: en effet, il leur est prédit que ce fils tuera son père et épousera sa mère. Une nuit, cependant, Laïos, sous l'emprise de la boisson, rejoint sa femme dans sa couche. C'est ainsi que Jocate engendre un fils,Œdipe.

Ses parents confient l’enfant à un homme qui doit le tuer. Ce dernier, n'ayant pas le courage de mettre à mort le nourrisson, l’abandonne sur le mont Cithéron, pendu par un pied à un arbre (Œdipe signifie « Pieds enflés »= "dipous" mais aussi "celui qui sait" = "oïda"). Un berger le recueille et le confie à Polybe, le roi de Corinthe qui l’élève comme son fils avec son épouse Mérope, sans jamais lui dire qu’il a été adopté.

Devenu adulte, Œdipe consulte l’oracle de Delphes qui lui annonce qu’un sort terrible lui est promis : il tuera son père, et épousera sa mère. Voulant fuir ce funeste destin, Œdipe quitte Corinthe. Sur le chemin, il croise un homme qui ne veut pas lui céder le passage. Ils se disputent, et Œdipe le tue. Cet homme qu’il vient de tuer est Laïos, son propre père, parti consulter l’oracle de Delphes afin de savoir comment se débarrasser du terrible monstre ( le Sphynx ) qui ravage Thèbes. Se dirigeant vers Thèbes, Oedipe finit par rencontrer le Sphynx qui lui propose une énigme à laquelle il doit répondre s’il veut rester en vie : « Quel animal a quatre pieds le matin, 2 à midi et 3 le soir ? ».

Œdipe trouve la réponse: il s’agit de l’homme qui, au début de sa vie, marche à quatre pattes, puis,  à deux pattes et enfin, au soir de sa vie, devenu vieux, à trois pattes (le vieillard s’aidant d’une canne). Le Sphinx disparaît aussitôt, consumé. Œdipe, triomphant, entre dans Thèbes. Le roi Laïos étant mort, Œdipe vainqueur du Sphinx devient roi et épouse Jocaste sans savoir qu’elle est sa mère : la prophétie de l’oracle est alors complètement réalisée . Quatre enfants naissent de cette union: deux fils ( Étéocle et Polynice ) et deux filles ( Ismène et Antigone )

Quelques années plus tard, es dieux envoient la peste sur Thèbes pour punir la cité dans laquelle tant de crimes ont été commis [1]. Après les révélations de 'aveugle Tirésias http://ugo.bratelli.free.fr/Apollodore/Livre3/III_6_7.htm , Œdipe découvre la vérité: Jocaste se pend, Oedipe se crève les yeux et part en exil à Colone [2], guidé par sa fille Antigone.

[1] C'est cet épisode qui fait constitue l"intrigue d'Oedipe roi de Sophocle

[2] Oedipe à Colone de Sophocle http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/sophocle_oedipe_colone/lecture/default.htm